QUARTIER DE L'EURE OU TERRITOIRE DE L'ENTRE DEUX

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L'APPEL À PROJET
La participation à l'appel à projet "Réinventer la Seine" représentait dès le début un certains nombre d'incertitudes puisque la construction des équipes projets n'étaient pas totalement définie dès le départ mais impliquait la collaboration de différentes groupes de professionnels. Alors que des équipes d'architectes et de paysagistes proposaient leurs idées, des groupes de promoteurs pouvaient les aborder afin de constituer des équipes dans le but de monter des projets concrets. À ce stade, les équipes n'étaient pas toujours constantes et certaines ont été modifiées. Mais ce sont finalement 174 équipes qui ont été constituées, issues du monde entier.
Les équipes, une fois constituées, ont du répondre aux critères et aux objectifs du programme établis par le règlement. Les grands axes directeurs qui ont guidés la construction des projets étaient donc l’innovation dans le rapport à la Seine, aux canaux et de manière plus large à l’eau; la mixité des usages pour éviter la spécialisation et le cloisonnement excessif des fonctions en bord de Seine; l'ouverture au public pour faciliter l'intensification du rapport à l'eau ainsi que l'excellence environnementale et sociale. Parmi les 35 sites proposés aux équipes, il a fallut pour chacune d'elle, projeter le projet sur différents sites afin de choisir le plus adapté tout en répondant aux objectifs annoncés.
Lancé au printemps 2016 sur les 35 sites entre Paris et le Havre, seules 72 équipes ont été sélectionnées pour la finale par le jury en janvier 2017 parmi les 174 initiales. Enfin, ce sont 20 projets seulement qui ont été retenus comme lauréats. Cela représentait la principale incertitude puisque le jury de l'appel d'offre était maître de la réalisation finale du projet. La prise en compte de très nombreux facteurs dans le cadre du projet était donc nécéssaire, les ombres projetées, l'incorporation dans le cadre urbain existant, les hauteurs ainsi que le budget et les financements.


Source : Pichet
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RELATIONS ENTRE LES ACTEURS
Les incertitudes au moment de la participation à l'appel d'offre émanaient également de la dépendance des candidats aux délais fixés par les organisateurs et leur modifications. Prenons comme exemple l'annonce des lauréats en 2017, qui fut reportée au mois de juillet à cause de la présidentielle qui eut lieu en mai.
Les relations entre acteurs, et notamment entre la MOE et la MOA , sont déterminantes dans l'avancée d'un projet. Quand des réticences émergent d'un côté ou de l'autre, les relations peuvent se ternir et entacher le projet. Pour les quais en Seine, nous avons relevé certains désaccords entre les architectes et le promoteur du projet, pour des raisons esthétiques notamment. De plus, le projet tel qu'il était conçut au départ comprenait une ferme aquaponique, des arbres avec un atrium, des pergolas qui étaient destinées aux croisiéristes fluviaux afin d'entretenir un lien avec l'eau. Seulement cette partie n'a pas été maintenue après le succès du projet en 2017. Cette perte de l'identité originelle du projet a été problématique pour les partis organisateurs de "Réinventer la Seine" qui ont fini pour certains par être en désaccord avec le promoteur.
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ÉLÉMENTS TECHNIQUES
Lors de la planification du projet, les architectes ont fait face à diverses difficultés qui auraient pu bouleverser le projet tout entier. Cela dès le début du projet, quand la question de la prise en compte d'une cote casier s'est posée. La cote casier correspond à la cote atteinte par la crue de fréquence centennale calculée par la méthode dite « des casiers » à partir des données des plus hautes eaux connues (submersion marine). En effet, le projet étant situé sur les quais à quelques mètres des bassins, il est soumis au risque d'inondations comme abordé dans le Plan de prévention des risques d'inondation du Havre. Ainsi pour l'implantation du rez-de-chaussée, il a fallut vérifier dans le zonage réglementaire du PPRI que le bâtiment n'était pas dans la zone de risque, ce qui s'en est valu de peu.
Au moment de la passation des marchés de travaux, le Covid-19 a débuté en 2020. La crise sanitaire qu'il a engendré a entrainé une hausse des prix des matériaux tels que le bois, l'acier et le PVC notamment du fait de la fermeture de certaines usines ayant été mises à l'arrêt. De plus, les prix du transport des marchandises ont également connu une forte hausse (+400% pour les conteneurs). Enfin, les exportations importantes des États-Unis ont également fait exploser les prix. De ce fait, les prix du BTP ont augmentés considérablement et les chantiers ont été retardés. Cette période de trouble a grandement perturbé le bon déroulement de la passation des marchés du projet.
